P comme POLITIQUE

Publié le par Franzi

Les médias sont la voix de la France mais non celle de tous les Français sur tous les sujets.
 
En effet, on  peut s'interroger, par exemple, sur les descriptions qu’on nous fait des grands pays de la sphère communiste ou ex-communiste, en développement  rapide, comme la Chine ou la Russie. L'image renvoyée semble fondée davantage sur l'arrogance et la peur que sur la connaissance réelle de terrain.
La  France de l'écrit et des lucarnes ramène à notre échelle de petit pays des territoires immenses dont les problèmes sont en proportion. Elle oublie que les mentalités asiatiques et slaves ne sont pas toutes cartésiennes et doivent être appréhendées différemment. Elle se pose en championne de la démocratie en oubliant que nous ne sommes pas en France à l'aube d'un régime libéral ( 10 à 20 ans) mais que nous bataillons depuis 1789 ( 220 ans) avec des hauts et bien des bas et même une époque coloniale.
 Pourtant une connaissance objective et sereine est  la condition d'une vigilance efficace.
 
Ayant eu la chance de faire quelques séjours bien intégrés dans la vie quotidienne en Chine, en Inde comme en Russie, je me propose de vous faire faire pour commencer, un PETIT VOYAGE ALPHABETIQUE, à travers LA VIE DE TOUS LES JOURS, de MOSCOU et de ses ENVIRONS. Il me paraît important avant d’aborder les principes, voire les anathèmes, de voir tout simplement comment  vivent les gens et quel est leur  cadre journalier.



En cette année électorale, choisissons d’abord la lettre « P » comme POLITIQUE .
De quelle façon la politique s’insère-t-elle dans cette approche très quotidienne ?
S’il est impossible pour un touriste d’en avoir une connaissance documentée  et globale, il peut néanmoins recueillir des impressions.

Après les élections de l’automne qui ont consacré la victoire de Poutine, comment ne pas être frappé par le décalage entre les descriptions des médias français et la réalité observée dans les rues de Moscou ?
Les journaux français, à quelques exceptions près, se sont attachés majoritairement aux aspects de  trucages des élections, à l’écrasement des partis d’opposition et à l’aspect autocratique.
Or ce vote ne paraissait pas même indispensable puisque des sondages unanimes, reflétant parfaitement la volonté populaire, donnaient Poutine largement gagnant. Nous donnions une grande importance à Kasparov qui pour l’homme de la rue demeurait le joueur d’échecs génial si ce n’est le candidat qui plaît aux Américains. Peu de nos journaux ont fait état de l’influence d’Internet. On peut brider journaux et surtout télévision, mais il y a le web et c’est une différence énorme avec la période des dictateurs tsaristes ou communistes. De plus en plus de Russes ont accès au web et peuvent savoir ce qui passe ailleurs.
Poutine, un tyran ? Cette question paraît assez étrange à un Russe de la rue qui en a connu de véritables il y a très peu de temps.  Le Russe va où il veut, il apprécie sa liberté individuelle actuelle. Il fait une différence entre son sort et celui d’espions ou de dirigeants qui se joue dans une sphère politique, féroce et inquiétante mais totalement étrangère à l’homme de la rue.
Pour ce dernier et pour l’instant, cet état embryonnaire de démocratie suffit, l’amélioration de sa vie matérielle étant le point important.

Poutine est populaire parce qu’il incarne à la fois le sursaut d’orgueil national  et l’ordre qui permet aux affaires de prospérer.
Qu’il y ait, pour l’instant, un déficit démocratique par rapport à nous, cela ne fait  guère de doute. Soyons attentifs et vigilants. Mais peut-être appartient-il aussi à l’Occident de ne pas désespérer les Russes. Les Russes sont fiers de leur pays et de leurs racines,  le renouveau de l’orthodoxie pouvant s’expliquer en partie par ce sentiment. Ils sentent que la flambée énergétique leur donne un nouvel atout. Certes Poutine en joue mais il a compris qu’il fallait restaurer cette fierté après des années d’humiliations occidentales.
Aujourd’hui, l’homme de la rue lui sait gré de mettre un certain frein au pillage des plus rapaces et de lui permettre de se jeter lui aussi dans la course à la consommation. Celle--ci n’est pas encore à la portée de tous. Mais les exclus sentent qu’avec l’accroissement rapide et constant de la classe moyenne eux aussi, ou du moins leurs enfants, pourront un jour en faire partie.
Il y a une dynamique de l’espoir palpable dans le bouillonnement des changements et progrès accélérés.
Voilà les impressions que l’on peut recueillir à Moscou en se mêlant à sa vie.

Sur place, il est impossible aussi d’oublier la dimension géographique de la grande  Russie et son lourd  passé historique dont une nouvelle page vient à peine de prendre naissance il y a une vingtaine d’années.
N’oublions pas qu’il y a eu en France un long chemin politique de la Révolution à nos jours et une évolution parallèle de nos conditions de vie.. La France est un petit pays, prompt à donner des leçons et à  juger à l’aune de ses vérités politiquement correctes. Elle n’est pas sensible à la géographie et il lui arrive d’oublier sa  propre histoire et de ne pas s’interroger sur celle des autres.

La Russie est un immense pays en pleine mutation, entre Asie et Occident.
Moscou en est un aspect moteur et le carrefour d’allure européenne d’influences venues des profondeurs des montagnes et des steppes du grand Est. 

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Prochain chapitre de l’ »ABECEDAIRE INTIMISTE de MOSCOU » : la lettre A !
Chapitres suivants :B  – V  - G  - D et E -  E (suite)J,Z -  I,K,L et M –  N -O,R,S -  S(suite)-T-F
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T
<br /> Merci pour ces interessantes choses !<br /> Je reviendrai plus a fond sur votre site que j'ai trouvé par hazard en recherchant des images de Église Saint-Louis-des-Français de Moscou<br /> à bientot<br /> <br /> <br />
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